Socio-eco

INTERVIEW Georges Brichler


Georges Brichler, une grande figure humanitaire connue dans la capitale malgache, visite fréquemment le pays. Son dernier passage date de mai 2017 pour fêter ses 78 printemps avec ses protégés du Foyer du Cœur. Il reviendra en décembre pour honorer de sa présence l’inauguration du nouveau bâtiment d’Ambatolampy Tsimahafotsy, ainsi que les 11 années d’existence de Foyer du Cœur. Ce Lorrain Alsacien (au gabarit rainboot) vivant dans le Midi, au Sud de la France, a accordé une interview exclusive à Délire Madagascar.

Délire Madagascar (DM) : M. Georges Brichler, dans les années 90, votre nom sonnait aux oreilles des Malgaches un peu comme celui de mère Theresa en Inde pour avoir créé le Foyer de Vie. Mais depuis, on a l’impression que vous avez déserté le lieu et que notre rencontre est fortuite. Foyer de vie, Foyer du Cœur, voudriez-vous apporter une démystification ?

Georges Brichler (GB) : C’est un malentendu et en même temps une prise de conscience qui est à l’origine de l’Association FOYER DU CŒUR ! Je n’entrerai pas dans les détails du passé historique. En quelques mots, je vous laisse deviner ce qui n’est pas exprimé. Toujours est-il que dans les années 90, comme vous venez de le dire, j’avais déjà créé une association que j’avais appelée Foyer de Vie.

Après une dizaine d’années, cette association performante, dynamique a décidé de se séparer de son fondateur et de continuer seule son chemin. Désillusionné, j’avais néanmoins gardé le sentiment d’avoir toujours agi conformément aux valeurs de la morale et de n’avoir aucun reproche à me faire. Cette introspection m’a poussé à initier une nouvelle association, toujours axée en direction des personnes âgées en situation de pauvreté. Cette nouvelle association existe maintenant depuis onze ans et continue sur le même principe que la précédente, distribuer de la nourriture aux indigents.

DM : Par rapport à Andrainarivo Antanimora, où se trouve le Foyer du Cœur, quelle est sa capacité d’accueil ?

GB : Notre centre de distribution se trouve à Ampandrana, où nous octroyons tous les jours, près de 300 repas chauds afin d’apaiser la faim de ces personnes âgées abandonnées. Parallèlement, nous avions mis en place un système de distribution de nourriture à même la rue, qui a fonctionné quelques années, et qui est suspendu provisoirement pour cause de budget insuffisant.

DM : Quelles sont les autres activités du Centre ?

GB : En outre, les responsables ont mis en place des ateliers de chant, chorégraphie, théâtre, jeux ludiques et autres. Chaque fin d’année, nous organisons un grand rassemblement afin de fêter notre anniversaire et Noël où près de 600 personnes âgées participent dans la joie et l’allégresse à un repas de festivité avec à la clé, chacun, un cadeau.

L’animation est orchestrée par Mme Brunette Kamary, la présidente, toujours disponible, soutenue par quelques jeunes bénévoles en charge des danses et des chants.

DM : L’Etat malgache est-il au courant des activités du Foyer du Cœur ?

GB : L’Association Foyer du Cœur, de par son implication au sein de la population âgée en souffrance, a été reconnue partenaire du Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme.

DM : Aviez-vous rencontré Mère THERESA en Inde ?

GB : Mère THERESA, c’est un parcours qui date de prés de 35 ans ! J’ai œuvré en tant que bénévole dans le mouroir qu’elle avait ouvert pour les miséreux de Calcutta. A mon corps défendant, j’ai été témoin de la grande déchéance humaine, une misère insupportable qui m’a certainement aidé à prendre conscience de ce monde injuste, qu’il fallait que je fasse plus, d’où mon engagement par la suite à Madagascar.

J’ai effectivement rencontré plusieurs fois Mère THERESA, malheureusement, du fait de mon ignorance de l’anglais, nos conversations se sont résumées dans l’échange de nos regards, son regard surtout, qui était d’une humanité sans pareille et qui est encore aujourd’hui gravé en moi. Mère THERESA reste un exemple pour moi.

DM : Le vaillant peuple malgache souhaite vivement qu’un jour, Papa Brichler puisse bénéficier d’une reconnaissance que l’Etat malgache réserve aux généreux humanitaristes.

Propos recueillis par Razaka Oliva


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