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LA SENTINELLE DE FER : 266 pages accrochantes


Et si nous parlions un peu du  livre « La sentinelle de fer » paru aux éditions Plon, dans la prestigieuse collection « Terre Humaine » ?

Commenté et présenté par de nombreux médias, en France et maintenant chez nous, le livre suscite l’intérêt des Malgaches. Du moins, ceux qui s’intéressent à l’histoire de leur pays, même lorsqu’elle est des plus sombres. L’auteur, Roland Vilella, un marin voyageur sillonne nos eaux depuis 25 ans. Un voyageur engagé comme il se définit lui-même, plus intéressé par les hommes que par les paysages.

Rébellion ou insurrection ?

En quelques 260 pages, ce livre retrace le passé du bagne de Nosy Lava, de triste réputation dont tous nos concitoyens ont entendu parler. 40 années sont ici détaillées et racontées à travers les faits les plus marquants d’une histoire cruelle. L’auteur, aborde également le temps de la période coloniale qui vit l’emprisonnement à Nosy Lava des chefs de l’insurrection de 1947. Des documents totalement inédits de l’administration française sont d’ailleurs présentés dans le livre.

Cynisme, sadisme, machiavélisme… !

Mais le sujet central reste le témoignage des bagnards. On y découvre les conditions terrifiantes de leur enfermement. Mauvais traitements, coups, tortures mais aussi la faim, provoquaient la mort de quelques 120 à 130 prisonniers par an, soit 20% des détenus. Un chiffre considérable. La famine était la cause principale des décès. Pas, ou très peu nourris, les détenus mouraient littéralement de faim, alors que le vol d’une simple noix de coco était puni de mort.

Des tueurs d’assassins.

Des détenus pour la plupart criminels et qu’il fallait bien sûr mettre hors d’état de nuire en les jetant en prison. « Le devoir de l’Etat est de protéger ses citoyens contre les criminels, mais il perd toute légitimité à le faire lorsqu’à son tour il devient lui même criminel. » martèle Roland Vilella. Car c’est bien ce qui s’est passé dans le vase clos de cette île où les bagnards étaient soumis à la brutalité sans limites de gardes assurés de l’impunité par l’administration pénitentiaire. Histoire tragique qui se retrouve dans tous les centres d’internement du monde lorsque l’Etat ne fait pas respecter les règles de droit.

Des conduites exemplaires.

Des figures marquantes surgissent au fil des pages. Ainsi, celle d’Albert, véritable mémoire du bagne, condamné à perpétuité, qui se liera d’amitié avec l’auteur. Car ce livre témoignage est aussi l’histoire d’une amitié entre l’auteur et cet homme criminel dont le parcours singulier et le lent processus de réhabilitation fascinera le lecteur.

Arrêtons nous également sur ce gardien tortionnaire qui se découvre une conscience qu’il ignorait posséder et finira par en mourir ; ou celui du courageux président du tribunal d’Analalava qui s’efforce de rétablir le droit en un lieu où il est bafoué. Tentative évidemment vouée à l’échec, ce magistrat a tout de même été l’honneur de la justice de notre pays. Où même ce gardien, révolté par les tortures infligées aux bagnards et qui sauve l’un d’eux des griffes d’un gardien tortionnaire. Sans oublier les innocents, injustement condamnés, et surnommés par les autres bagnards « les ramasse la baise ».

Porteur d’espoir et vecteur d’espérance.

Une galerie de portraits loin des clichés faciles d’où émergent fragiles et incertaines mais pourtant bien réelles, des règles de morale que l’on ne s’attendait pas à découvrir en un tel lieu. Ce qui permet, malgré l’horreur dont elle est capable, de conserver l’espoir en la créature humaine. Un livre étonnant et qui bouscule tous les codes. Une page de notre histoire difficile à ignorer.

Le vendredi 24 février l’auteur présentera son livre à 18h à la librairie « Mille Feuilles » rue Rasamimanana, Behoririka. Avis aux chasseurs de signature pour dédicace. Entrée gratuite.

Razaka Oliva

 


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